Dans une
période bien triste (masque et dose) l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker
(McDonald) est comme un arc-en-ciel dans le ciel français, pour reprendre sa
propre expression quand avec son dernier époux Jo Bouillon, elle adopta une
dizaine d’enfants venus de tous les continents…
C’est par
cette revue nègre (1925-927) moqueuse du racisme américain, que Joséphine Baker1
alla vers la liberté humaine et artistique, un spectacle qu’aujourd’hui, il
serait impossible à proposer : Alice Coffin s'y opposerait-elle ?
Née américaine
dans un pays pratiquant la ségrégation raciale, elle devint libre en France dont
elle prit la nationalité en 1936 et se joignit dès 1940 à la France libre, et soutiendra
le Général de Gaulle en 1968. Femme fidèle, combattante pour la liberté :
pensez qu’elle fera un grand discours aux États-Unis avec Martin Luther King,
revêtu de son uniforme de l’armée française avec ses décorations : quelle
allure !!!!!
Sa vie,
relativement courte (1906-1975) mais intense pleine de rencontres amoureuses,
de mariages nombreux, d’engagements politiques, d’une générosité qui la
conduisit à vendre le château de Milandes malgré les aides conjuguées de Castro,
d’Hassan II et de la princesse Grâce de Monaco qui lui permit de revivre à
Roquebrune, aurait de quoi enthousiasmer les jeunes générations. Malheureusement,
lesdites générations perdant toute conscience historique, ne regardant que de la
seule manière émotionnelle les luttes en faveur des minorités, ne dessinant plus
le monde que comme un cortège victimaire, se mettant la tête dans le sable, se
soumettant sans rechigner au passe sanitaire, s’alignent pour la grande parade
de la servitude volontaire. A leur décharge, les jeunes n’ont plus de soutiens
intellectuels, de gens structurants, de corpus classiques, ils ont plutôt l’inverse
face à des défis, par exemple, démographiques, climatiques et ceux technologiques
qui avancent tout sourire (financier) le merveilleux du virtuel, du parallèle….
Ô ironie,
c’est l’actuel pouvoir qui se chargera de l’entrée de Joséphine Baker au
Panthéon laïc des gloires françaises. Quand Louis-Philippe Ier au règne sévère
et saignant crut que pour effacer les répressions, le retour des Cendres le
purifierait, il revigorait, en fait, la lave du volcan français. Ce quinquennat
finissant cherche par le « en même temps » à conjuguer le bon grain
et l’ivraie pour que la France ne voit plus qu’un épi doré et lumineux, se
targuant même par une « Maison commune » de faire société quand il la
défait consciencieusement par tous les artifices….
Dans la
grisaille et la froidure de novembre, Joséphine Baker, est l’arc-en-ciel dans
un pays calfeutré, apeuré, divisé, atomisé. Gageons que les joies, les amours
et les combats de Joséphine Baker s’imprimeront en nous et qu’à travers son
histoire, nous comprendrons que toute échine courbée n’est jamais une fatalité :
il faut se dépasser !
Jean
Vinatier
Seriatim
2021
Note :
1- Joséphine
McDonald dite Baker née américaine dans le Missouri sera en France, « libérée »
de sa peur d’être noire. La fameuse revue nègre (1925), aujourd’hui injouable,
était, en réalité une satire du racisme américain du sud. Dans les années 20,
la ségrégation maintenait les noirs américains dans des corridors et l’on
rappellera également que le général Pershing s’opposa à la remise de
décorations militaires par la France à des soldats noirs lesquels étaient sur
des bateaux séparés de ceux des blancs (il en sera de même le 6 juin 44 !)
Joséphine
Baker ne manqua pas de retrouver ses compatriotes qui fuirent l’armée après l’armistice
pour vivre libre dans Paris. Souvenons-nous qu’au XVIIIe siècle, plusieurs
édits royaux rappelèrent l’interdiction de séjourner en France avec des esclaves
donnant lieu à bien des rebondissements et causa du souci à Thomas Jefferson
lors de son ambassade auprès de Louis XVI…..