Les corps flottants entre Calais et Douvres ajoutent une tension supplémentaire entre Londres et Paris et rappelle une fois de plus à l’Union européenne le danger à continuer à ne pas vouloir être une puissance politique…..
Entre Londres et Paris, il y a donc deux disputes, l’une porte sur les zones de pêche, la seconde sur les flux migratoires.
La première s’est achevée par une reddition en rase campagne de la France sans diminuer d’un iota la colère de nos pêcheurs qui débutent des opérations de blocus….de ports français alors que l’on aurait pu s’attendre à une offensive vers ceux d’Angleterre…
La seconde, c’est ce drame de navigation. Quoique l’on pense des migrations, ou couler en pleine mer ou mourir étouffer dans un camion est une tragédie. Nous eûmes donc une longue série de déclarations larmoyantes et de postures émotionnelles de politiques et de présentateurs (Yann Barthés !) sans que jamais ne soient abordés les questions essentielles. A moins d’être inhumain, chacun est attristé par ce destin. Pour un migrant, son départ est une souffrance, son chemin est une espérance, son arrivée est une énigme. Mais quid de la responsabilité de l’Union européenne, des Etats dont la France qui est le dernier point avant la traversée de la Manche ? De cela rien, seulement des menaces françaises à l’encontre du Royaume-Uni qui ne veut plus de ces arrivées massives et qui est libre d’agir depuis le Brexit. La lettre envoyée par Boris Johnson a choqué Paris par le ton qui ne devrait pourtant pas nous surprendre si l’on avait un minimum de connaissance historique.
Paris se retrouve dans une situation particulière car au même moment Emmanuel Macron recevait le Premier ministre polonais auprès duquel il l’assurait comprendre et soutenir son choix d’édification du mur. L’on parle moins des migrants du Nord parce que le marchandage bat son plein. Berlin monnaie avec Minsk quand Kiev se déclare prêt à les recevoir contre les écus trébuchants…Ainsi sous le regard cynique de Moscou, Minsk, Varsovie, Vilnius, Kiev, Berlin se livrent à des querelles de bourses de quotas. Les passeurs se frottent les mains, de même que des ONG qui sont à bien des égards des relais de facto complices de ce qu’il faut bien appeler une traite avec leurs circuits, leurs financements, leurs appuis logistiques….etc.
Ainsi Paris d’un côté fustige Londres de fermer ses frontières, de l’autre approuve le geste similaire de Varsovie, une contradiction qui n’émeut pas alors que l’on lit le programme du futur gouvernement allemand qui lèvera nombre de restrictions et démarches administratives pour les migrants en situation irrégulière. L’Union européenne traversée autant par les hommes nomades que par les intérêts de chacun des pays est sous l’œil goguenard de puissances périphériques. A quelques semaines de la présidence française, s’accumulent les points de barrage européens qui prendront de l’ampleur lors de l’entrée officielle de la campagne présidentielle française. Reviendront en boucle les défis des migrants ? Emmanuel Macron globaliste convaincu et persuadé que la France est à déconstruire pour que naisse l’Europe de ses vœux aura sur les bras les migrants du Calaisis face à un Royaume-Uni jouant sur du velours ce point pour mieux obtenir satisfaction dans ses négociations post-Brexit qu’Emmanuel Macron annonçaient comme dures et qui, aujourd’hui, se retourneraient contre lui et sans avoir l’assurance du soutien allemand très impliqué dans son devenir via l’Europe qui organisée comme elle l’est, convient parfaitement.
Les corps flottants de la mer du Nord sont un signal de plus avec les frottements biélo-lituano-polonais que l’Union européenne se rapproche de défis qui contraindront, qui sait, la plupart des dirigeants à réviser leur doxa globaliste. Aujourd’hui, c’est un vœu pieux.
Paris qui vient de signer l’accord du Quirinal avec Rome regarde cette signature comme un contrepoids à Berlin alors même que Mario Draghi est un guelfe et que la raison profonde pour les deux signataires est de tirer vers soi la pourpre germanique. Paris tant face à Londres que face à Berlin ne jouit pas du tout de la considération nécessaire à toute remise en perspective de la « politique » bruxelloise mais dans le même temps bien des gouvernants européens ne se fâcheraient pas de voir Emmanuel Macron rempiler pour cinq ans tellement sa morgue lui fait perdre toute vue réaliste. Paris n’est plus dans l’axe majeur européen mais une voie en contre-bas….La France est un corps politique flottant….
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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