Les migrants venus d’Asie, d’Afrique qui se massent à la frontière polono-lituanienne auront pour conséquence la construction du mur par la Pologne (mais aussi par la Lituanie1). Pour l’heure, c’est une bataille de chiffonniers entre Bruxelles et Varsovie. L’Union est prête à aider la Pologne à l’ériger (mais oui !) en échange d’une législation nouvelle sur l’accueil aux réfugiés et de laisser Frontex, dont le siège est à Varsovie, opérer. La Pologne dit non !
De son côté, le Royaume-Uni qui vient de quitter l’Union européenne a envoyé officiellement une dizaine de soldats (en réalité plus : MI6 et consorts) pour guider l’armée polonaise laquelle ne vit pas un soldat de l’Union !!! L’action britannique est un souhait de Washington qui ne veut pas agir au grand jour car Joe Biden fait face à sa frontière sud aux afflux migratoires et n’entend pas les laisser passer !
Ainsi arrive tranquilo (comme disent les hispanophones) la question des flux humains manœuvrés ou non. Depuis Recep Erdogan qui a compris tout ce qu’il aurait à gagner avec une Union européenne à la fois impuissante, opulente et vieillissante en menaçant de lever les écluses, l’idée à fait son chemin. Ainsi le Maroc le fit pendant trois jours alarmant l’Espagne et la France. Aujourd’hui, c’est le tour de la Biélorussie dont Bruxelles a décidé de ne pas reconnaitre son Président Loukachenko, d’entrer sur la scène du chantage bien évidemment sous le regard attentif de la Russie de Vladimir Poutine pas fâché de voir les Européens contraints de soutenir une Pologne qu’ils vouent aux gémonies parce que peu progressiste mais qu’ils doivent aider tout en ayant des comptes d’apothicaires. Jamais on ne vit un plus grand désordre et de plus grands dangers.
Depuis février 2014, date où un coup d’État renversa le Président ukrainien, les tensions et les doubles discours ne cessent pas entre les européens et les russes, l’Allemagne jouant son propre jeu très attachée à être autant fidèle à Washington qu’à ne pas déplaire à Moscou, obtenant même la réalisation de North Stream II et guignant sa part ukrainienne. Le départ d’Angela Merkel, l’inconnu du nouveau gouvernement allemand sont un passage de faiblesse sans doute bien vu comme opportun pour faire débouler des migrants ou réfugiés à la frontière lituano-polonaise avec cerise sur le gâteau l’ONU très favorable aux accueils.
S’ouvrent donc plusieurs fronts : l’un extérieur à la Pologne et à l’Union où la Biélorussie est une boule sur un billard à trois bandes, l’autre intérieur, entre la Pologne et l’Union : si Bruxelles contraignait Varsovie à ouvrir les vannes, la Pologne n’aurait rien de plus pressée que de les expédier en …Allemagne !
A moins de deux mois du début de la présidence européenne française, Emmanuel Macron s’est entretenu avec Vladimir Poutine et s’entendirent pour prôner une « désescalade ». Cet échange reconnait à la Russie sa place maitresse et donc la partie d’échecs sera rude pour nous. Car en sus de ces migrants s’ajoutent les actions otaniennes en Mer Noire contre lesquelles Moscou répondit avec fermeté et constance.
Il faut aussi avoir à l’esprit que ces migrants arrivés autant d’Asie (Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen) que d’Afrique entrent totalement dans le jeu d’équilibre et de rivalité. Quand l’Union européenne demande à l’Irak de contrôler les avions en partance depuis Bagdad, son gouvernement sous influence de l’Iran qui pèse via le Hezbollah au Liban en pleine décomposition ne nous aidera en rien sauf à payer toujours et encore. Historiquement, ces formes de chantage qui se mettent désormais en place me rappellent, un peu, ceux qu’Attila établissaient entre 445 et 453 avec la Constantinople de Théodose II puis de Marcien….Il faut dire les choses l’Europe et l’Allemagne en tête paient un tribut pour supporter le poids migratoire. A bien des égards, nous sommes dans des caractéristiques byzantines…..
Source :
1-https://fr.euronews.com/2021/08/10/lituanie-cloture-de-barbeles-contre-les-migrants-venus-du-belarus
Le porte-parole de la Commissaire aux affaires intérieures Ylva Johansson, a qualifié de "bonne idée" l'érection de cette barrière tout en soulignant que "la Commission ne finançait aucune clôture, ni aucun mur".
"Les fonds de l'UE seront alloués là où ils apportent une valeur ajoutée pour la gestion des frontières extérieures de l'UE", a-t-il précisé. "Des procédures sont en cours, en étroite collaboration entre la Commission et les autorités lituaniennes, afin de déterminer exactement les montants nécessaires et leur affectation précise"
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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