Depuis qu’Anne Hidalgo a trouvé à intérêt très tardif à la primaire populaire animée, principalement, par Samuel Grzybowski, soutient d’Emmanuel Macron en 2016 et adepte du vivre-ensemble via les valeurs chrétiennes œcuméniques, la gauche râle et s’agace de ce coup d’épingle.
Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, ont été désignés après une « investiture populaire » militante à l’inverse d’Anne Hidalgo et Fabien Roussel choisis lors d’un vote interne par leur parti respectif (PS, PC).
Aucun des candidats n’a un score honorable comparé à 2017 : la degringolada y est générale…c’est alors que surgit Christiane Taubira, sans appareil politique, portée seulement par une aura et un talent oratoire…un peu comme Éric Zemmour à droite.
Il est intéressant que pourrait arriver sur la scène politique deux personnes hors appareil politique mais s’appuyant sur le « populaire ». Remarquons que toute part, ce ne sont que les appellations : la Maison commune, l’Union populaire, les Horizons, les Ensemble, la Reconquête et peut-être avec Christiane Taubira la Conquête…
Il y a comme des geysers hors les partis et par les partis politiques : cela sent les fragilités et les troubles que la victoire d’Emmanuel Macron en 2017 aurait encouragé.
Christiane Taubira a promis une lettre avant Noël, le temps de s’assurer des soutiens, de mieux voir sa popularité au sein de la gauche…et aussi de la gauche bobo macroniste, aile décisive. A-t-elle une ouverture ? Un sondage affirme que 46% des électeurs de la gauche l’estiment populaire. Bon nombre d’écologistes aimeraient que Yannick Jadot s’effaçât, comme en 2017, devant Christiane Taubira. A l’inverse de Jean-Luc Mélenchon qui gère difficilement son côté Janus (patriote et mondialiste créolisé) qui s’estime seul légitime à porter les valeurs de la gauche, excluant de fait tous les autres, Christiane Taubira pourrait-elle avec l’appui du PS, du PC et du courant Sandrine Rousseau à la fois réduire Yannick Jadot et en imposer à Jean-Luc Mélenchon ?
Il y a beaucoup de si d’autant plus que l’intention d’Anne Hidalgo de concourir à la primaire populaire ne signifierait pas un renoncement. Même en cas d’échec, la maire de Paris a bien l’intention d’aller le plus loin possible rendant difficile un deal avec Christiane Taubira, son obsession étant de ne pas perdre la face et de rester maire de Paris. En politique les électeurs n’apprécient pas les duos, il leur faut une tête, pas des bicéphales.
En dépit des apparences, le plus construit et le plus constant à gauche est Jean-Luc Mélenchon. Yannick Jadot regardant du côté de Berlin, ne veut plus être le marche pied des socialistes et perdre tous les députés comme en 2017. Yannick Jadot a raison de refuser tout abandon car il se sait sur des thématiques porteuses et amplifiantes (climat, santé…etc) qu’il doit absolument consolider, crédibiliser. Après tout en Allemagne, le SPD et les Grünen ne se confondent pas tout en gouvernant ensemble !
En réalité ce qui électrise la gauche depuis la pique Hidalgo sur la « poupée » primaire populaire c’est aussi ce qui excite à droite, à savoir l’identité. A travers ces interrogations sur l’identité, s’affichent les interprétations multiples. C’est là une conséquence brutale du macronisme qui pensait que par la fusion des courants libéraux globalistes de gauche, du centre, de droite, reléguer l’identité à l’anecdotique. Or, en 2016 la victoire de Donald Trump et le Brexit, puis le Covid en 2020 et entre les deux les questions climatiques aux effets migratoires ont remis totalement sur le boisseau l’identité. Évidemment l’identité dessinée à gauche n’est pas du doute celle esquissée à droite mais d’une certaine façon tous disent la phrase de Huntington : Qui sommes-nous ?
Christiane Taubira qui vient du parti radical de gauche a toujours été fidèle à ses causes historiques (esclavage) et sociétales (homophobie) et jouit par conséquent d’une publicité réelle qui dépasse, selon moi, la seule gauche. Elle y ajoute le refus de la vaccination obligatoire en Guyane, c’est là si j’ose l’écrire, son piment de Cayenne qui augmenterait sa popularité.
Mais voilà à quatre mois des élections présidentielles, n’est-il pas trop tard ? L’union de la gauche échouée en 1983 n’est pas oubliée sauf par les militants de moins de quarante ans pour lesquels la référence politique va de Sarkozy à Macron, l’envie de fédération sur fond de relégation du marxisme historique et d’engouement écologiste sociétal compatible (selon les degrés) avec le marché l’emporterait.
De ce point de vue, la gauche est dans un bouillonnement plus grand qu’à droite : la reconquête pour Zemmour, la conquête pour Pécresse et Le Pen. La droite se fixant davantage sur des principes il est plus facile de s’y ranger quand à gauche le goût pour les causes et les minorités génèrent eux des courants variés.
Sans connaître les pensées de Christiane Taubira, il apparait que s’offre à elle une ouverture potentielle sans réaliser l’union avec Mélenchon comme à droite Éric Zemmour ne le pourrait avec Marine Le Pen. Tant du côté Zemmour que du côté Taubira, il faudrait de rudes secousses évènementielles pour casser les lignes de front.
Pour l’heure, Emmanuel Macron et Valérie Pécresse se placent en duettistes, le premier ce soir sur TF1 (émission enregistrée dimanche), la seconde le même jour en dévoilant son programme : l’intérêt pour Macron étant, ce mercredi, de se positionner au centre-gauche afin de recréer artificiellement une opposition droite/gauche…En somme, des clefs de voute solides à moins d’un sol mouvant ébranlant les arches latérales (Taubira, Zemmour…et surtout les abstentionnistes)
Jean Vinatier
Seriatim 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire