Tandis que le gouvernement français envoie des armes aux résistants ukrainiens au risque de provoquer un accident avec l’armée russe, la France, celle qui se prépare pour avril 2022, s’arme également et cela se fait sans bruit.
Qu’on en juge, depuis 2021, explosion du nombre de permis de chasse, idem pour une demande d’un port d’arme sur l’ensemble des provinces, littorales et frontières et les centres de tir affichent complets pour la plus grande satisfaction des armureries.
Entre les sondages officiels et tous les chiffres qui circulent contredisant les premiers, il ne m’est pas possible de dire lesquels sont les bons mais, il ne fait guère de doute que les colères Gilets jaunes sont là s’agrégeant aux trop nombreux faits divers. Dès lors, il n’est pas certain que le pouvoir puisse, sans drames humains, reconfiner les Français au prétexte d’une énième vague.
Pour les médias, Paris est la France des trottinettes où une population insouciante s’émancipe de toute prudence et respect des autres, associant égotisme et hédonisme : n’a-t-elle pas voté en masse pour Hidalgo (en 2014, moins en 2020) et Macron ? Pourtant, au-delà des villes métropolitaines et préfectorales, le climat social est infiniment moins aérien, quand on arrive à celles de sous-préfectures, la chaleur monte et plus bas encore, tout bouillonne. La lave est bien là….
L’agression contre Ivan Colonna a enflammé la Corse, à un mois de la présidentielle. L’exécutif a compris qu’une île de beauté à feu et à sang ne ferait pas forcément tâche d’huile mais montrerait tout de même la faiblesse étatique au point de raviver des scenarii sociaux violents et furtifs. Aussi Matignon a décidé de lever le statut de « détenu particulièrement surveillé » de Pierre Alessendri et Alain Ferrandi, deux autres membres du « commando Erignac ». Mais ce faisant, si Yvan Colonna sort de son coma, tous les trois se retrouveront. L’exécutif gagne du temps.
Dans cette non-compagne où le Président à sa réélection ne veut pas débattre avant le premier tour (c’est un usage) il apparait comme fuyant une campagne. Jean-Dominique Merchet notait dans un tweet que plus de 80% des Français croyaient la victoire du successeur de François Hollande acquise mais qu’ils étaient 44% à ne pas l’accepter. Cet écart éclaire assez bien toute l’ambigüité de cette campagne présidentielle où un Président en exercice tout dédié à l’Union européenne parce que président du conseil de cette Union voit la guerre en Ukraine comme un élément favorable, alors même que le tapis pourrait se dérober sous ses pieds.
Rien en serait pire pour l’Élysée qu’un conflit extérieur qui durerait, ici, celui en Ukraine, rejoigne, par la conséquence d’un excès de sanctions économiques mal calibrées toutes les braises françaises.
Les murmures sont diffus, souterrains, silencieux, invisibles. Aussi, je ne sais pas si cette France murmurante renversera le mur politique en avril 2022 : rien n’est plus incertain qu’un peuple qui a compris que pour vivre plus libre, il lui fallait sourire aux sondeurs et opiner face à une caméra. Le peuple sait dire le faux pour garder sa faux.
A suivre….
Jean Vinatier
Seriatim 2022
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