Si on a beaucoup glosé sur le pari manqué de la Russie d’opérer en 2 jours la neutralisation de tous les organes exécutifs ukrainiens, certains commencent à alerter sur la prétention des euro-américains à effondrer la Russie en deux coups trois mouvements.
Cette invasion ukrainienne qui devient jour après jour une crise proche du conflit entre la Russie et l’Union européenne, les États-Unis retenant l’Otan, a eu ceci de remarquable que de chaque côté, nous vîmes une surélévation des capacités à nuire et des mépris pour la partie adverse. Les russes crurent que les ukrainiens se rendraient, les européens que la Russie irait à Canossa.
En 1914, les parties en présence avaient en commun d’une part une imparfaite connaissance de la réalité des forces adverses et alliés (Lire Les somnambules) et d’autre part, comme Sarajevo était en Bosnie et que venait de se terminait la troisième guerre balkanique, que nous entrerions dans un conflit assez similaire mais les alliances de part et d’autre jouèrent un rôle d’accélérateur avec le drame que l’on sait.
En 2022, les euro-américains qui ont tout fait pour renforcer les indépendances économiques dans un système libéral ne voulant pas, actuellement, d’engagement militaire massif contre la Russie, croient en être du coup les maitres. Ce n’est pas pour rien que l’aire Atlantique a cru trouver la parade en mettant en action une batterie impressionnante de sanctions, les orgues de Staline financières, affichant aussi publiquement son parfait noyautage des organisations internationales dans tous les domaines, la protection animale incluse ! Petite remarque au passage, les euro-américains qui n’arrêtent pas de claironner contre le colonialisme et d’échafauder toutes les repentances inimaginables, affichent aux yeux du monde qu’ils continuent d’une autre manière à agir de façon néocoloniale, leur condescendance pour tout ce qui n’est pas selon leur idéal est très frappante !
Si les États-Unis, à l’inverse des européens, ont une dépendance faible vis-à-vis de la Russie, il en n’est pas de même face à la Chine. Pékin se montre évidemment prudente escomptant bien à la fois assurer un circuit économique de la Russie sans heurter les États-Unis. Washington rêve de ramener la Russie au rang de satellite, d’abaisser la Chine, deux ambitions gigantesques impossible à mener de front. Dès lors, on se demande si l’invasion de l’Ukraine par la Vladimir Poutine n’aurait pas surpris l’ordre en marche américain ? Ce qui expliquerait la précipitation à prétendre selon Le Maire, « l’effondrement » avec, comme pour les irakiens, une quasi-famine !
On a noté que Wall Street tenait mieux le choc que les places européennes. D’abord, comme cité plus haut une dépendance moindre, ensuite, l’assurance de la fermeture de Nord Stream 2 qui permet aux États-Unis, d’écouler à prix d’or aux européens leur production excédentaire de gaz de schiste…Mais tant à Washington que dans différentes capitales européennes, les patrons voient que si les mesures de rétorsion impressionnent le public dans un moment électoral (France), elles ne calculent pas du tout la réciprocité que les européens estiment faibles. Or ce n’est pas tant la faiblesse de la Russie à réagir économiquement que sa capacité à cibler avec des moyens réduits mais dévastateurs, par exemple : cyberattaque, guerre spatiale, câbles sous-marins. Vladimir Poutine a montré tout au long de sa présidence comme il savait agir au point sensible avec des moyens moindres.
L’interdépendance économique poussée de façon maximale retient les puissances de guerroyer du soir au matin mais en ne veillant pas à maintenir un équilibre géopolitique dans un concert de grandes puissances, les euro-américains ont négligé ce point. Or cette interdépendance a facilité l’émergence de l’Asie dont celle chinoise et du continent sous-indien, faisant lever un contre-poids, certes pas uni et bien perméable aux Américains, appelé par effet de levier à s’accroître.
Actuellement les ukrainiens paient le prix fort à la fois d’une invasion et d’un déséquilibre mondial qui montre bien que la prépotence d’un seul pays, les États-Unis, dérègle de facto le droit international, les extraterritorialités américaines n’arrangeant rien. Le face-à-face euro-russe est dangereux pour l’Union européenne dépendante énergétique, frumentaire de la Russie, les États-Unis étant bien à l’écart et ne se désolant pas de trop de tout ce qui ficèlerait plus encore les Européens à l’oncle Sam.
Outre les collusions dramatiques entre la Russie et l’Union européenne, il serait plus rude encore si le règlement de ce présent conflit se faisait par la médiation d’une tierce puissance, par exemple, Israël que personne, au passage, n’embête plus avec les territoires occupés.
Les européens et les russes sont tout intérêt à se retrouver mutuellement et à sortir de ce drame par le haut même s'il y a de grands prédateurs sur le chemin, certains se prétendant amis…
Jean Vinatier
Seriatim 2022
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