«Le monde vacille au bord de multiples crises de sécurité alimentaire qui entraîneront des famines, des troubles politiques et sociaux et un effondrement économique dans un grand nombre de régions. La guerre en Ukraine (qui a entraîné des pertes d’exportations de denrées alimentaires et une réduction des semis de printemps), les coûts élevés de l’énergie, les restrictions à l’exportation d’un grand nombre d’engrais, la spéculation sur les prix des denrées alimentaires, les goulets d’étranglement logistiques, les vulnérabilités financières et économiques consécutives à deux années de pandémie et les sécheresses persistantes dans de nombreuses régions agricoles clés sont autant d’éléments qui font que les marchés mondiaux sont soumis à des tensions alimentaires avant même la première mauvaise récolte de 2022.
Dans ce contexte, la Commission Européenne a produit un document le mois dernier : « Safeguarding food security and reinforcing the resilience of food systems » (préserver la sécurité alimentaire et renforcer la résilience des systèmes alimentaires). Cette stratégie de l’UE sur la manière d’atténuer la crise de la sécurité alimentaire, les famines et l’augmentation de la malnutrition à venir consiste à promouvoir davantage la production alimentaire biologique, l’agro-écologie, la réduction de l’utilisation des engrais, l’agriculture de subsistance, les théories de justice sociale, Farm2Fork et l’augmentation de l’aide liée à l’alimentation (aux pays prêts à adopter une certaine idéologie de culte alimentaire partagée par une minorité d’activistes à Bruxelles). L’UE présente une recette pour la famine, les conflits civils et l’effondrement économique dans de larges pans du monde en développement… et leur communication s’en félicite.
Ce rapport officiel de l’UE a été rédigé par des personnes aux ventres pleins, aux rêves idéologiques de pureté alimentaire et qui n’ont aucune idée du défi que représente l’obtention d’une récolte. Douloureux à lire mais encore plus à ignorer, je présente ici mes commentaires sur certains passages. Je ne cesse de me pincer quand je dis que c’est l’état d’esprit de nos dirigeants européens. Ce serait drôle si tant de gens ne risquaient pas de mourir ou de souffrir de malnutrition, en grande partie à cause de leur idéologie ignorante du culte de la nourriture.
En fin de compte, ce n’est qu’un exemple de plus de l’arrogance issue de la richesse et de l’ignorance des idéologues.
Soutien aux pauvres… en quelque sorte
Une bonne partie de la communication de la Commission européenne porte sur la manière de financer ceux qui ont subi les conséquences de mauvaises politiques alimentaires. Il est triste de constater que tant de fonctionnaires bruxellois considèrent les paiements de la PAC comme une politique et que tout échec de la réglementation peut être corrigé en injectant de l’argent pour remédier aux difficultés qu’ils ont causées. Un élément clé de la stratégie Farm2Fork de la Commission est de fournir des fonds pour soutenir les agriculteurs lorsque leurs rendements diminuent ou que leurs cultures échouent. Une politique agricole fondée sur l’« échec programmé » ne peut guère être louée (mais l’argent empêchera peut-être les agriculteurs de protester).
Il n’est donc pas surprenant que la communication « Préserver la sécurité alimentaire et renforcer la résilience des systèmes alimentaires » déclare fièrement combien d’argent la Commission européenne va fournir aux consommateurs, aux agriculteurs et aux pays en développement. Mais si Bruxelles avait mis en œuvre des politiques agricoles rationnelles et fondées sur la science au cours des trois dernières décennies, cet argent et ces souffrances auraient-ils été nécessaires ?
Aide aux consommateurs à faibles revenus
Les Européens à faible revenu souffriront certainement de l’inflation et de la pénurie de denrées alimentaires, comme ils souffrent déjà des coûts élevés de l’énergie et des défis de l’emploi post-pandémie. La communication ne définit pas ce qu’est une personne à faible revenu, sauf pour dire qu’elle est vulnérable. Je soupçonne Bruxelles de penser qu’il s’agit d’une très petite population (puisqu’elle les a regroupés avec les réfugiés ukrainiens, soit moins de 1 %). Je ne suis donc pas certain qu’elle ait budgétisé une aide alimentaire pour un quart de la population de l’UE. »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2022
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