Les pâles cérémonies pour l’investiture d’Emmanuel Macron au palais de l’Élysée réduit à un salon de thé de province convenaient à son socle électoral (trottinettes et déambulateurs) qui gobe la moindre Renaissance (version McKinsey) …. Pendant ce temps, la justice britannique autorisait l’extradition de Julian Assange dans une indifférence générale : cet homme qui révéla tant de mensonges et de cynismes est aujourd’hui cassé en deux (au sens propre), la France sous François Hollande lui refusa l’asile politique alors que ses enfants y vivent (terre des Droits de l’Homme ?) et qu’une fois aux États-Unis, il y sera dans un trou dans un Guantánamo pour lui tout seul…Qui protestera ? Personne. Cette même aire Atlantique qui n’a pas de mots assez durs pour dénoncer les personnes et les États qui les gênent applique férocement sans humanité aucune un traitement qui pratiqué en Russie ou en Chine soulèverait les bonnes âmes. Mais ces mêmes bonnes âmes se rachètent à peu de frais en appelant, notamment, à voter Emmanuel Macron pour contrer le danger « Lepeniste », une manière de voter en toute bonne conscience pour l’actuel Chef de l’État…médiocrité et flagornerie : le règne des pintades !
Avant d’arriver à l’Ukraine, ce détour pour poser la petitesse de l’humanité et son aveuglement et son égoïsme car tandis que l’on s’alarme à justement de la victime ukrainienne, celle yéménite indiffère totalement : il est vrai que les Européens ne peuvent pas taper sur les EAU et l’Arabie Saoudite auprès desquels nous demandons de subvenir en pétrole et en gaz. Les Européens jouent les héros face à la Russie à la condition que d’autres pays prennent le relais énergétique quand bien même ils perpétreraient des crimes de guerre dans ce qui fut l’antique Arabie heureuse…En quelque sorte, Bruxelles hiérarchise le mal…..
Arrivons à cette Ukraine où le 24 février débuta la conflictualité entre les États-Unis et la Chine, la Russie jouant ou bien le rôle de la puissance piégée ou bien celle de la puissance consentante et consciente. Débute une ère bouleversante plaçant bien des éléments renouvelant l’opposition Est/Ouest ici l’ouest Atlantique face à l’est Asie. Entre la Chine et l’Europe, il y a un point commun, le peu de productions énergétiques à l’exception du charbon mais une grande différence existe entre les deux : si Bruxelles est totalement entre les mains de Washington, Pékin s’active en qualité d’acteur via les événements ukrainiens qui lui servent pour le cas où la question de Taïwan se présenterait favorablement et affiche toute l’importance du maintien de la Russie dans ce jeu véritablement mondial, pour l’heure à la différence de l’Europe vis-à-vis des États-Unis où un dit, un duo sino-russe chemine…
L’Ukraine est plus que jamais la plaie béante rouge sang. Un courant géostratégique américain a fait fi des observations de théoriciens tels Georges Kennan, Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski qui regardaient bien la ligne rouge à ne pas enfreindre. Mais ces hommes-là et leurs élèves avaient encore un recul historique et des connaissances générales classiques qui les empêchaient d’écrire en imaginant le monde de leur souhait et donc réfléchissaient au monde tel qu’il était. Aujourd’hui, nous sommes en présence d’hommes et de femmes de réseaux qui font balayé toute réalité agaçante avec pour les Américains cet élément religieux toujours sous-estimé qui les érigent en terre promise, donc en une terre monde. C’est là une petite ressemblance avec la Chine, empire du milieu qui ne connait la politique étrangère que depuis les traités inégaux au XIXe siècle tandis que les États-Unis passent par-dessus tous les principes du droit international franchement depuis la fin du XXe siècle. Il est assez étonnant de regarder deux puissances en concurrence pour la première place être aussi malaisées en politique étrangère les deux plaçant sur une même ligne le juste et l’injuste, estimant la force comme un droit !
L’Ukraine par les acteurs sur la scène exposent publiquement l’affadissement des grands principes que l’Europe édicta pourtant au tournant du XVIe/XVIIe siècle (Suarez, Grotius, Pufendorf…etc) et dont elle perdit la maîtrise au traité de Versailles en 1919 au profit des États-Unis. Ce déplacement vers une autre puissance absolument pas laïcisée et à l’époque intrinsèquement ségrégationniste se renforcera après la Seconde guerre mondiale avec le transfert du siège des nations unies de l’Europe vers New-York.
Depuis la disparition de l’URSS en décembre 1991, une fin de l’Histoire s’est installée dans les cerveaux de gens où les États-Unis seraient la source atomique d’une totalité. Trente années plus tard, de tension en tension, de conflit en conflit avec en parallèle la vie de la Terre, les évolutions démographiques, les nouveautés technologiques, apparaissait aussi l’évidence du monde clos, certes dit par Paul Valéry dès 1931 (« le temps du monde fini commence ») mais lu à l’époque sans conscience. En 2022, nous commençons l’étouffement du monde car, en dépit des découvertes de planètes et exoplanètes, la terre neuve, accessible, habitable, reste bien éloignée. Autrefois l’exploration arrivait à la découverte puis à l’installation et au développement : pour l’heure, cela est terminé. C’est une donnée nouvelle qui impactera le nomadisme humain : je rappelle que l’homme est sorti d’Afrique (homo erectus, homo sapiens) pour aller vers et y vivre, mais désormais, nous tournons en rond, l’accélération de déplacement de transport en réduisant la distance accroit le syndrome du poisson rouge dans son bocal….
On me dira quel rapport avec l’Ukraine ? L’Ukraine, que tout le monde croyait russe jusque dans les années 90, a concentré sur son sol une série de tensions et de calculs entre la Russie, la Chine, les États-Unis et l’Allemagne qui y entraina l’Europe, catalyse maintenant en elle ce qui pourrait bien potentiellement devenir atomique ou nucléaire. Il est particulièrement urgent d’éviter l’impasse. Mais cette invasion en Ukraine se conjugue avec l’arrivée d’une récession inédite, d’insurrections frumentaires redoutables et d’une dégradation de situations intérieures, chinoise et américaine, européenne et puis par un contre-coup pour le monde entier. Entre pandémie et affrontement géopolitique se mettent terriblement en place le puçage, le traçage, la surveillance, l’abolition des anonymats, puis de toute liquidité monétaire. Si tout n’est pas fait, ces mécaniques, ces engrenages sont à dire, à montrer pour prendre conscience des asservissements en devenir.
A la différence du Yémen, l’Ukraine est le lieu concentré des énergies conflictuelles sans déclaration de guerre, ni aucune rupture de la relation diplomatique. Une illustration de la liquidité du monde toute aussi dangereuse qu’une déclaration officielle de guerre. A force de faire sans faire, le danger ou le soudain grandit. Juillet 1914 a été un moment de somnambulisme, mai 2022 est l’idée selon laquelle, on toujours aller plus loin sans que cela soit irrémédiable. C’est un peu être dans un désert et aller d’un mirage à un autre. Mais au-delà du degré de résilience, le bouleversement d’une étincelle, d’un incident…..
Jean Vinatier
Seriatim 2022
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