C’est un joli coup que Marine Le Pen a opéré hier à l’assemblée nationale en décidant avec son groupe de voter la motion de censure proposée par la NUPES. Évidemment Les Républicains se sont abstenus et non même pas rédigé leur propre motion …Le vote RN a ôté leur voile. A gauche, le choix de Marine Le Pen a surpris, déconcerté et gêné : Alexis Corbière a rappelé le violent discours de Jean Marie Le Pen contre Pierre Mendés-France…En fait la gauche est toute contrite par cette manœuvre qu’observe bien l’Élysée qui pourrait lui permettre de repêcher « des fronts républicains ». Marine Le Pen en disant « chiche » à une dissolution a jeté également sa pierre dans le jardin d’Emmanuel Macron qui en faisait son bilboquet politique. Le fond de l’air est protestataire et c’est Marine Le Pen qui le porte le mieux (à tort ou à raison) mais avec ses 89 députés, le RN a cessé d’être lilliputien même si l’abstention de la dernière consultation électorale a été forte, il est clair que son succès lui ouvre les portes de la crédibilité et de la légitimité nationale. A ces remarques intérieures jouent aussi les événements extérieurs, Suède, Italie, demain sans doute l’Espagne. Une dissolution entrainerait une cohabitation avec cette nouveauté que le locataire de l’Élysée ne pourrait pas solliciter un troisième mandat, ce qui n’était pas le cas en 1986, 1993, 1997.
Emmanuel Macron est le garant d’un ordre garantit par les abondances monétaires : « les marchés » ont été tétanisés par les Gilets jaunes et sont prêts à déverser des flots d’écus pour acheter tous les conflits sociaux. Tout ne tient qu’à cette fausse corne d’abondance qui fait fi de la remontée des taux, qui fait fi d’ailleurs d’à peu près tout . Les nombreuses manifestations au Royaume-Uni sont un autre brûlot que l’arrivée de Rashi Sunak, l’homme plus riche que le Roi Charles III, devra éteindre mais fait gagner à Londres du temps : tout ne tient que par la magie de l’argent, autrefois expression souveraine des États, aujourd’hui arme massive de la domination des marchés sur les États via l’encouragement aux endettements généraux (les Templiers, les vénitiens, les lombards, les florentins sont vengés)
Le En même temps aboutit au goulot d’étranglement institutionnel du fait même qu’Emmanuel Macron ne démissionnerait pas en cas de désaveu : n’est pas de Gaulle qui veut et François Mitterrand avait tracé la voie des chemins fangeux où nous nous trouvons. Plus de majorité nulle part, que des minorités caquetteuses de nature à coaliser souvent pour de courtes périodes dans un régime parlementaire mais pas dans un régime présidentiel qui s’est défait, en plus, de ce qui faisait sa majesté. Disons-le clairement, nous pataugeons dans une tourbière : si l’on se meut, on s’enfonce, si l’on s’immobilise, on se fige !
Les éMotions gouvernementales se répéteront avec cette nouveauté introduite par le RN, opiner à la proposition d’un parti de gauche sans doute incapable, lui, de copier Marine Le Pen : et l’on tournera en rond faisant des Républicains devenus des riens des paons et étonnant le parti macronien d’être encore là et non en fuite, sur les routes, vers les aéroports…
Jean Vinatier
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