« Stratégie nationale et réalités locales ne se superposent pas systématiquement dans l’Indo-Pacifique français. Si les collectivités françaises de l’Indo-Pacifique sont amenées à devenir une composante importante des relations internationales françaises, celles-ci doivent être considérés dans leurs spécificités, pas seulement pour leur intérêt géostratégique. Les organismes, institutions et think tanks français doivent en conséquence se spécialiser sur ces problématiques par un travail de formation et de sensibilisation indispensable, mais aussi en valorisant les compétences existantes notamment dans chaque collectivité d’outre-mer. Un tableau inédit par Paco Milhiet, auteur de « Géopolitique de l’Indo-Pacifique. Enjeuxinternationaux, perspectives françaises », préface de Christian Lechervy,éditions Le Cavalier bleu. »
« VASTE REGION géopolitique englobant les deux océans éponymes, l’Indo-Pacifique est surtout un concept des relations internationales développé depuis le début du XXIème siècle par plusieurs chancelleries (Japon, Australie, Etats-Unis, Inde, ASEAN etc.) dont le but, plus ou moins affirmé, est de répondre au développement thalassopolitique de la République Populaire de Chine.
Depuis 2018, Emmanuel Macron a formalisé une stratégie de l’Indo-Pacifique français pour légitimer et crédibiliser le statut de la France en tant que puissance régionale. Une opportunité pour la diplomatie française de valoriser ses attributs de puissance diplomatiques, culturels, économiques et militaires dans cette vaste région.
Néanmoins, en 2021, le narratif français semblait fragilisé. Au niveau international, la rupture stratégique franco-australienne, conséquence directe du renoncement australien d’acquérir 12 sous-marins auprès de Naval Group, constitua un véritable camouflet pour la diplomatie française et provoqua une crise diplomatique sans précédent avec les gouvernements australien et américain, deux partenaires majeurs dans la zone. À l’échelle locale, le troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie fut massivement boycotté par les populations kanak, prémices d’une séquence de crise politique qui n’en finit plus sur le « Caillou », territoire hautement stratégique et pierre angulaire de la stratégie française dans la zone. Dans les autres collectivités françaises de l’Indo-Pacifique (CFIP), la crise sanitaire liée au Covid 19 accentuait une situation sociale déjà précaire et suscitait un mécontentement populaire de mauvais augure pour la majorité présidentielle.
L’année 2022 était donc celle de tous les dangers pour la stratégie indo-pacifique française. Elle fut riche en événements : réconciliation post-AUKUS, diplomatie française proactive, projections militaires, élections présidentielles en demi-teinte dans la zone pour le Président, crise sociale et migratoire à Mayotte, incertitudes statutaires et juridiques en Nouvelle-Calédonie…
Si la France a enregistré plusieurs succès diplomatiques indéniables, donnant du crédit à son statut de puissance riveraine de la zone (I), des crises endémiques dans les CFIP viennent parfois mettre à mal un récit géopolitique largement initié depuis Paris, souvent en décalage avec le contexte local (II).
I. 2022, une diplomatie française proactive en Indo-Pacifique »
La suite ci-dessous :
https://www.diploweb.com/L-Indo-Pacifique-francais-en-2022-retour-sur-une-annee-charniere.html
Jean Vinatier
Seriatim 2023
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