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lundi 20 février 2023

« L’Ukraine doit vaincre » pour l’Ordre unique ? N°5635 17e année

 

Lors de la conférence de Munich en 1938 l’Europe avait cru trouver une paix en reconnaissant le fait établi allemand et ce fut la guerre, autant celle dernière promet sinon la guerre, au moins la victoire de l’Ukraine sur la Russie sans peut être à la clef une paix réelle. Les déclarations belliqueuses des dirigeants européens et des médias s’accompagnent de l’arrivée en force des États-Unis sur notre sol continental, qui pour l’Ukraine, qui pour l’Otan. Comme quoi, saboter un gazoduc ramène de l’ordre parmi la piétaille…Et ô ironie, le Président américain assure ne rien reprocher à la Chine et pour cause : il est difficile de courir après deux lièvres à la fois.

Le Président ukrainien l’a dit et répété lors de son itinérance européenne, l’Ukraine doit vaincre pour que s’impose l’ordre mondial (un seul ordre). Il renouvelait ce qu’avait dit Emmanuel Macron lors d’un sommet en Asie pour promouvoir l’axe Indopacifique : « il n’y aura qu’un seul ordre, pas deux ». Et l’on sait de quel ordre il s’agira, celui scénarisé aux États-Unis.

Au nom de nos valeurs, les mêmes qui maintiennent dans des geôles démocratiques et du droit-de-l’hommisme Julian Assange, un seul monde doit naître…Et qui pourrait s’y opposer puisque c’est l’Ukraine agressée qui le demande ? C’est aussi la première fois que l’on voit un pays envahi réclamer que s’instaure, après le conflit, un système international entre les mains d’une seule puissance.

On ne réfléchit pas suffisamment (ou bien on ne le veut pas) au fait qu’une puissance même démocratique dès l’instant où elle est en position hégémonique, qui se place d’une manière ou d’une autre hors les instances internationales, qui décide de ce qui est bon, de ce qui est mauvais, est nécessairement au mieux despotique si on lui reconnait une légitimité ou tyrannique dans l’autre cas, au pire totalitaire. Il faut être naïf pour croire qu’un seul pays guidé, en plus, par un double messianisme, religieux et technologique, accepterait des contre-pouvoirs véritables.  Évidemment pas !

Le tragique ukrainien en plus que ce subit sa population est qu’il devient lui-même l’instrument d’une cause hégémonique où nécessairement, il n’aura ni la souveraineté, ni la liberté. On me dira ne fallait-il rien faire ? Ce qui a permis février 2022 remonte dans les faits à la fin de l’URSS qui laissa le champ libre à l’Ouest otanien. Si un vraie Europe avait été alors, c’est-à-dire indépendante, sans doute l’intégration des anciens pays du Pacte de Varsovie aurait pu être avec en plus des relations positives avec la Fédération de Russie : mais voilà il y avait un roi de Prusse ici Américain qui a vu cet espace comme une immense prometteuse Silésie.

La seule fois dans la période contemporaine où l’invasion d’un pays par un autre n’a soulevé aucune critique s’est faite quand le Vietnam a renversé en 1979, le régime cambodgien du Kampuchéa démocratique. Depuis, le monde a davantage connu les faits accomplis que le respect des votes ou même leurs sollicitations. Le bombardement de la Serbie pendant 78 jours, la seconde guerre d’Irak précédée par un criminel blocus alimentaire qui couta la vie à un million d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, la Libye où le mandat onusien a été outrepassé. Cette violence et ce mépris des institutions fondées pourtant par l’aire Atlantique pour garantir sa prééminence, montrent bien que nous dérivons vers des côtes tout à fait inamicales et dangereuses.

Qui est le plus coupable dans la tragédie ukrainienne ? La Russie qui ne croyait pas dans les accords de Minsk ou bien l’aire Atlantique qui les regardaient comme un leurre, selon les dires de Merkel et de Hollande, pour gagner du temps ? La faute sinon le crime n’est il pas d’avoir permis que s’affrontent et s’entretuent russes et ukrainiens si frères et cousins ? Et pour le plus grand profit de qui ?

La bombe ukrainienne qui commença à exploser par le coup d’État de Maidan en février 2014 n’en finit plus d’étendre son impact.

 

Note :

« L’Ukraine doit vaincre » est la couverture du dernier numéro de l’Express. Y figure le poing levé typique de la gauche révolutionnaire que l’on vit depuis la guerre d’Espagne jusque à la fin du XXe siècle.

Jean Vinatier

Seriatim 2023

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