Moins de grévistes, plus de Français dans les rues et pas seulement dans les villes métropolitaines, les villes plus rurales entrant dans la danse comme au temps des Gilets jaunes. C’est là l’élément intéressant avec une mobilisation des lycéens et collégiens tandis que les étudiants ne bougent pas encore. Pour le gouvernement le danger serait que cette protestation fasse convoyer avec un centre des colères que les syndicats ne maîtriseraient pas…
En est-on là ? La nouveauté est que le nom de la réforme des retraites est appelé « Macron » et non « Borne ». Le Premier ministre ne joue pas son rôle de fusible. Et c’est là que le bât blesse. Le Président de la République est en première ligne comme à l’époque des Gilets jaunes.
Nul n’ignore qu’Emmanuel Macron ne verrait pas forcément d’un mauvais œil un élargissement du champ de crise ayant toujours en tête de faire un troisième mandat qu’il ne pourrait envisager qu’à la condition d’avoir un Congrès favorable à la suite d’une dissolution de l’Assemblée nationale. Pour qu’un sursaut légitimiste s’opère, il faudrait qu’il y ait une grande peur, Mélenchon, et Marine Le Pen servant d’utiles épouvantails. La prise de risque serait très élevée car rien n’est plus émotive et irrationnelle qu’une masse ou foule…. Parallèlement à une situation intérieure dégradée, il faudrait qu’à l’extérieur elle le soit également. Dès lors, le pouvoir a-t-il intérêt à envenimer une situation sachant qu’aujourd’hui hormis les colères, aucune alternative politique ne se présente devant nous, que la défiance envers la classe politique est majoritaire de même pour les syndicats et les médias vus comme des répétiteurs de langage ?
C’est dans ce vide qu’oscille les foules dans leur inconscient où se mélangent les difficultés du quotidien et les infos en continu sur un mode émotif sans aucune hiérarchie. Les bruits de bottes, les communications sur le soutien militaire à l’Ukraine où Amazon deviendrait livreur de chars en quarante huit heures participent aux inquiétudes mais ne paraissent pas encore peser sur les colères intérieures où prime le pouvoir d’achat dans une France vieillissante (moyenne d’âge 47 ans) où les jeunes, à priori éloignés naturellement de toute réflexion sur la retraite, vivent aussi les précarités des aînés.
Cette réforme (ou plutôt contre-réforme) des retraites est vue aussi comme une pression de l’Union européenne, des fonds de pension, condition sine qua non pour continuer à emprunter sur les marchés ! Les médias arguant que autres régimes de retraite en Europe étant moins bons ou différents que les nôtres, il faudrait nous aligner !
La troisième journée serait donc décisive si elle avait lieu quand apparait plus fortement encore l’évanouissement des idées politiques novatrices. Emmanuel Macron a écrit Révolution pour sa campagne de 2017 pour mieux l’enterrer…les Gilets jaunes en 2018/2019 n’avaient pas de projet politique et quand ils y songèrent ils s’entravèrent dans les filets d’une extrême gauche elle-même incapable d’une modernité. Si ni la République ni la démocratie ne sont en cause, c’est tout ce qui est l’intérieur qui ne parait plus adapté quand les éruptions catégorielles et nationale comme en 2018, forment un magma…..
Jean Vinatier
Seriatim 2023
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