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vendredi 13 décembre 2024

L’amitié, une clé de compréhension des sociétés médiévales ? par Régine Le Jan N°5711 18e année

 « Culture de la haine ou culture de l’amour ? Sociétés prédatrices ou sociétés du don ? Les oppositions tranchées ne peuvent rendre compte de la complexité des sociétés médiévales, mais l’amitié, qui s’identifie alors à l’amour, permet de comprendre mieux comment les populations concevaient alors leur monde et vivaient leurs relations.

 Les sociétés médiévales sont souvent décrites comme des sociétés de face à face, où les nécessités de l’honneur et de la vengeance poussent aux violences, où la guerre semble une nécessité existentielle pour les élites. Il est vrai que dans les sociétés occidentales qui se sont développées sur les ruines de l’empire romain, la guerre et l’honneur ont été de puissants facteurs d’identité collectives et des marqueurs sociaux. En même temps, l’amitié antique n’a pas disparu et les valeurs du christianisme étaient fondées sur l’amour divin que célébraient les prêtres et que magnifièrent les grandes cathédrales. Culture de la haine ou culture de l’amour ? Sociétés prédatrices ou sociétés du don ? Les oppositions tranchées ne peuvent rendre compte de la complexité des sociétés médiévales, mais l’amitié, qui s’identifie alors à l’amour, permet de comprendre mieux comment les populations concevaient alors leur monde et vivaient leurs relations.”

 Livre : Amis ou ennemis 

https://www.seuil.com/auteur/regine-le-jan/16656

Jean Vinatier 

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mercredi 11 décembre 2024

Le Temps des ambassadeurs (XVIe-XVIIIe siècle) par Jean-Claude Waquet N°5710 18e année

"Conférence de Jean-Claude Waquet, directeur d’études émérite à l’École pratique des hautes études : https://www.chartes.psl.eu/gazette-ch... 

Autour de son ouvrage "Temps et diplomatie dans l’Europe moderne (XVIe-XVIIIe siècle)". 

Qu’était-ce que le temps pour les ambassadeurs de l’âge moderne ? C’était une structure avec laquelle il fallait vivre, faite de maints espaces-temps enchevêtrés dont le labyrinthe constituait une contrainte et pouvait se muer en atout. C’était la source d’épreuves qui sollicitaient la puissance, la confiance et la prudence des négociateurs et lançaient autant de défis à leur intelligence du futur ainsi qu’à leur capacité de manipuler au présent les temps emmêlés de leurs intrigues. 

Ce jeu avec le temps était-t-il l’arme des faibles, ou l’instrument des forts ? Quel rapport y avait-il entre la confiance de chacun dans l’avenir et sa maîtrise des horloges ? La prudence, vertu cardinale des négociateurs, leur permettait-elle de disposer des événements et ainsi du temps de l’histoire ? Jusqu’où s’étendait leur marge de manœuvre face aux temps qui tissaient la trame de leur quotidien, face à un futur dont l’opacité ne cessait de renaître, et face à une histoire encore à faire, qui était devant eux, et point derrière ? Quel était, en un mot, ce temps qui était à la fois leur monde, leur expérience, leur instrument et leur création ? 

C’est à ces questions qu’on tentera de répondre, en se plaçant à l’échelle des acteurs eux-mêmes, ambassadeurs et autres envoyés des temps modernes."

  Jean Vinatier 

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vendredi 8 novembre 2024

Ukraine : les roueries de Trump N°5709 18e année

 Crise allemande officialisée, la minute « after » de Macron sur les herbivores et les carnivores, propos comique de Hollande sur le « couple franco-allemand », le premier ministre hongrois faisant face à la fronde de certains européens à Budapest…bref une Europe claironnante en débandade avant même d’enfourcher un canasson quand Donald Trump a laissé filer quelques idées pour clore le conflit en Ukraine.

L’irénisme du 47e POTUS s’arrête là où commence les intérêts américains, des intérêts autant géo-économiques que géopolitiques. Les USA et leurs fonds d’investissement ont prêté de l’argent à l’Ukraine en s’assurant de solides garanties à la manière des européens quand ils avançaient des finances à l’empire ottoman (je te prête 100 et je garde, en garantie, les recettes des douanes…etc), ont fourni des armes en échange de contrats et le tout à l’avenant. Pas plus demain qu’hier, il n’est question d’un éloignement américain du champ ukrainien. La maxime de Trump serait de maintenir un antagonisme ou méfiance russe vis-à-vis des européens et vice-versa, de trouver avec Poutine des accommodements pour se l’attacher comptant sur la méfiance moscovite vis-à-vis de Pékin. Le 47e POTUS change les mots pas le texte fondateur.

Quand Donald Trump propose l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’Union européenne: il s’agira d’appâter Bruxelles satisfaite de son extension tout en la mettant face à la Russie, l’Ukraine serait de facto séparée en deux à l’instar de la Corée ayant sur son sol « un corridor de sécurité » ou zone tampon à la charge militaire et financière des européens. La promesse de non-adhésion à l’OTAN pendant 20 ans est une habileté de langage tellement les contrats de fournitures d’armement impliqueront des foules de conseillers militaires s’ajoutant à des accords périphériques. Ce serait une façon pour Trump de peser sur la Russie, d’envelopper les européens. Les deux soucis de Trump sont donc de maintenir les européens en lisière, de ramener un tant soit peu la Russie vers lui mais sans faciliter un rapprochement de celle-ci avec l’Union européenne. Quant à l’Ukraine, elle serait réduite à peu de chose mais ne subirait plus la guerre.

Si les européens avaient une once d’intelligence et surtout cessaient de porter des lunettes américaines sur le nez, ils travailleraient à une Ukraine neutre comme le firent leurs ancêtres au Congrès de Vienne en établissant celle de la Suisse (1815). Pour l’heure les européens se focalisent sur la défaite russe regardant les ukrainiens comme ils voyaient les grecs face aux ottomans dans les années 1820. L’Union européenne joue contre elle-même et sans avoir aucune garantie d’être associée aux négociations par les américains lesquels préféreront être les seuls maitres du stylo entre Moscou et Kiev.

A suivre

Jean Vinatier

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jeudi 7 novembre 2024

Habemus POTUS…..N°5805 18e année

 L’Union européenne était-elle la seule à ne pas considérer la possibilité d’une victoire de Donald Trump ? Le matraquage anti-trump a fonctionné en France de manière aussi éhonté que pour le référendum de 2005. Il était décidé que Kamela Harris était la désirée quand Donald Trump était le honni…Il fallait voir les tronches des présentateurs, des spécialistes et autres personnages qui nous vendent une Amérique imaginaire à l’instar de la mairie de Paris qui impose sa vision Potemkine de notre capitale ! Mais le pire tient dans ceci : aucun de ces propagandistes ne disparaitra des écrans, tous retomberont sur leurs pattes, continuant à reprendre d’une façon ou d’une autre l’endoctrinement…A cet égard la précipitation d’Emmanuel Macron à s’animer devant Donald Trump était pathétique, cela a suffi pour qu’aussitôt cette petite cour médiatique lui dresse un portrait de pourfendeur et de chef de la ligue européenne…Il y aura une tentative européenne de revendiquer une autonomie , les pro-fédéralistes pro-américains fourbissant leurs armes pour défier le 47e POTUS, tout se terminera en opéra-bouffe, pas plus Trump que Harris ne voulant d’une Europe libre, l’Europe ne devant être qu’un espace de transit…les USA nous reprochant deux guerres mondiales : ont-ils tort ?

Autre chose : les Français suspendus au résultat de l’élection présidentielle américaine comme si nous étions une colonie ou une possession à statut singulier. Mais quelque part, ne sommes-nous pas une part contrainte aux USA ? Il suffit de regarder dans les rues de Paris comment l’américain s’impose, d’ici dix ans la mairie de Paris ne communiquera plus que dans cet idiome….

Pour revenir à l’élection américaine, nous pouvons dire que quelque part, il y a la revanche sur les événements de janvier 2020 lors de la prise du Capitole…Donald Trump par son élection confortable légitime tout ce qu’il a dit à la fin de la campagne de 2019 et de ce qu’il a affirmé ensuite, preuve s’il en était qu’il a convaincu les classes populaires et les grands électeurs. Du côté démocrate, on paie le prix fort de l’abstention de l’électorat de Bernie Sanders et du double langage durant les événements abominables à Gaza : menacer le premier ministre israélien tout en lui fournissant armes et finance…Les campus américains véritables rampes de lancement des démocrates ont été d’un grand silence. Il n’y a que les européens et les français qui croient que la prise de position d’une vedette hollywoodienne et d’un intellectuel new-yorkais est acclamée. L’Amérique profonde déteste cela !

Donald Trump n’aura qu’un seul souci, les Américains, de bons accords commerciaux et maintenir l’unité nationale hors de toute dilution dans un mondialisme vanté par ses adversaires. Rien de fondamental en bougera hors la réaffirmation de la prééminence messianique de l’identité américaine préservée du reste du monde de toute corruption. L’élément religieux constamment négligé doit être rappelé tellement il est un moteur. Pour le reste, si Donald Trump fait cesser le massacre entre russes et ukrainiens tout comme celui des palestiniens, qui le lui reprochera ? Personne.

Tant que le monde continuera à garantir aux USA le refinancement permanent de leur dette abyssale, le dette croitra appuyée par des flottes et des bases partout dans le monde pour le cas où certains ne comprendraient pas le monde clos. Les BRICS sont loin encore de peser, il faudra beaucoup de temps avant de se structurer géopolitiquement et que leurs membres cessassent de se rivaliser, la fabrication d’une prise de conscience commune intercontinentale s’appuyant sur une charte n’a rien de l’évidence.

L’élection pour un second mandat de Donald Trump retarde ou cache les grandes disparités et sécessions sociologiques à l’intérieur des États-Unis, le 47e POTUS aura donc devant lui un travail titanesque. La victoire d’une Kamela Harris (candidate, rappelons-le parce que celle de Michelle Obama n’a pu se faire) favorisant une très partielle dilution identitaire américaine dans le mondialisme aurait secoué par des accélérations et un bellicisme extérieur. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche fait penser au parachutiste (je le fus) sautant dans le vide ayant la sensation pendant un moment de planer avant que le sol ne lui arrive en pleine gueule….Quoi que l’on pense de Donald Trump sa victoire rappelle que l’identité nationale n’est pas une construction vaine et ce vent d’Amérique abordera le continent européen…

 

Jean Vinatier

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vendredi 4 octobre 2024

Les multiples imaginaires de la nation américaine : Entretien avec Rachel St.John N°5804 18e année

 

« Rachel St. John explore les divers projets de construction nationale qui se sont disputé la légitimité et les territoires à travers le continent américain au cours du XIXe siècle, mettant en lumière la diversité de l’histoire politique et le caractère contingent de l’idée de nation.

Rachel St. John est historienne de l’Amérique du Nord et des États-Unis au XIXe siècle. Originaire de Californie, elle a obtenu sa licence et son doctorat à l’université de Stanford. Elle a enseigné à l’université de Harvard et à l’université de New York avant de retourner en Californie pour devenir professeur associé d’histoire à l’université de Californie, à Davis, en 2016. Son premier livre, Line in the Sand : A History of the Western US-Mexico Border, a été publié par Princeton University Press en 2011. Elle termine actuellement son deuxième ouvrage, The Imagined States of America : An Unmanifest History. Ce récit de l’Amérique du Nord au XIXe siècle explore la diversité des projets de construction nationale qui ont concouru pour obtenir la légitimité et les terres à travers le continent pendant cette période critique de transformation politique. En mettant en lumière la diversité de l’histoire politique nord-américaine et le caractère contingent de l’évolution de la nation et de sa définition, ce livre remet en question les récits qui considèrent l’essor et la domination des États-Unis comme allant de soi.

La Vie des idées : Quelle est l’importance de la vision de la nation américaine en tant qu’entité cohérente et unifiée, tant dans le monde universitaire que dans les récits destinés au grand public ? Quelles formes prend-elle ?

Rachel St.John : Les Américains, que ce soit dans les universités, dans les manuels scolaires ou dans la culture populaire, ont tendance à considérer le XIXe siècle comme le moment où les États-Unis sont devenus adultes. Il s’agit donc d’une histoire centrée sur la croissance de la nation, sur l’idée que les États-Unis sont nés en 1776 et que le XIXe siècle est le moment où ils deviennent autonomes.

Et cela a beaucoup à voir avec l’expansion. Elle est également confrontée à la crise de la guerre civile américaine. À ce moment-là, on a l’impression que soit la nation va mourir, soit elle va continuer, mais elle survit. C’est ainsi que les États-Unis acquièrent leur maturité en tant que nation. Ce que l’on peut voir à la fois dans les ouvrages universitaires et dans la façon dont nous célébrons le 4 juillet aux États-Unis.

Cela donne l’impression que les États-Unis ont toujours été une seule et même chose. C’était presque comme une personne : elle pouvait grandir ou mourir, mais elle restait toujours la même. Et cette croissance est naturelle. Je pense que c’est un élément fondamental de la manière dont nous envisageons l’histoire des États-Unis au XIXe siècle. Or, je ne pense pas que ce soit tout à fait exact.

Au lieu de cette histoire unique, je me suis intéressée à la grande variété d’idées sur les types de nations qui ont pu être maintenues ou créées dans l’Amérique du Nord du XIXe siècle. Il s’avère que ce fut un espace qui a inspiré toutes sortes d’idées sur les différents types de formations politiques nationales. Nous avons ainsi des nations indigènes indépendantes.

Il y en a beaucoup qui existent avant la naissance des États-Unis, et qui évoluent et persistent tout au long du XIXe siècle. Mais il y a aussi toutes sortes de personnes du monde entier qui viennent en Amérique du Nord et qui projettent leur propre idée de l’Amérique du Nord en tant qu’espace où ils peuvent créer des nations. Certaines de ces personnes viennent de l’intérieur des États-Unis : des groupes comme les mormons, les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui ne se sentent pas pleinement intégrés aux États-Unis. Imaginez la création d’une théo-démocratie. Les Afro-Américains réduits en esclavage et privés de droits envisagent de former eux-mêmes des nations noires aux États-Unis. Il y a donc toutes sortes de personnes différentes qui sont capables d’imaginer des nations alternatives en Amérique du Nord. Et plus je regarde l’Amérique du Nord du XIXe siècle, plus je vois que c’est véritablement cela l’expérience normative, et non la création de ces énormes nations hétérogènes qui s’étendent sur tout le continent. Personne n’aurait imaginé cela au tout début du XIXe siècle.

Dans le livre que j’écris en ce moment, intitulé The Imagined States of America : The Unmanifest History of Nineteenth-Century North America , je cherche à remettre en question ces récits globaux de l’histoire américaine pour mettre l’accent sur la contingence dans les diverses créations d’une nation, en examinant ces différents groupes de personnes qui ont été impliqués dans les projets de création d’une nation en Amérique du Nord au XIXe siècle.

La Vie des idées : Vous proposez une histoire de la construction de la nation américaine qui se concentre sur l’intersection de divers projets, plutôt que sur l’idée classique d’un projet américain téléologique unique. Quels autres imaginaires non manifestes se sont hybridés et ont contribué à façonner les États-Unis ? »

La suite ci-dessous :

https://laviedesidees.fr/Les-multiples-imaginaires-de-la-nation-americaine

 

Jean Vinatier

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mardi 1 octobre 2024

La violence de l’extrême centre: le Macronisme est une vieille recette ! par Pierre Serna N°5803 18e année

« Pierre Serna est professeur d'histoire de la Révolution française à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l'Institut d'histoire de la Révolution française et de l'IHMC. Théoricien de l'extrême centre, il raconte comment depuis la révolution, cette conception du pouvoir s'est développée, pour aboutir à sa forme chimiquement pure aujourd’hui avec le macronisme. Loin d'être une position neutre et raisonnable, cet extrême centre se distingue par son girouettisme chronique et sa brutalité dans l'exercice du pouvoir, tout en se réfugiant derrière une dénonciation bien hypocrite des "extrêmes" de gauche et de droite. »

https://www.babelio.com/livres/Serna-Lextreme-centre-ou-le-poison-francais-1794-2019/1150252

Jean Vinatier 

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