« De la déclaration Balfour au Livre blanc de 1939 : le mandat britannique sur la Palestine Rencontre avec : Dominique Vidal, journaliste et historien, ancien rédacteur en chef adjoint du Monde Diplomatique. Auteur de nombreux ouvrages portant notamment sur le conflit israélo-palestinien, dont Palestine : le jeu des puissants (dir., Sindbad, 2014). »
« Leçon inaugurale de Benoît Sagot prononcée le 30 novembre 2023. Benoît Sagot est professeur invité sur la chaire Informatique et sciences numériques. Depuis une dizaine d'années, le terme d'« intelligence artificielle » est revenu partout sur le devant de la scène, des magazines grand public aux créateurs de start-up et aux décideurs politiques. Des progrès dans la recherche sur les réseaux de neurones, une technologie pourtant ancienne, mais aussi l'augmentation de la puissance de calcul et de masse de données disponibles, ont permis d'accélérer de façon spectaculaire les performances des systèmes d'intelligence artificielle. Au cœur de cette révolution, le traitement automatique des langues (TAL) joue un rôle central. Connu depuis longtemps au travers de la correction orthographique et de la traduction automatique, ce domaine de recherche consacré à l'analyse, la génération et la transformation de données textuelles a récemment fait la une à plusieurs reprises, notamment avec l'arrivée de ChatGPT. Pour donner quelques clefs sur ces enjeux, je présenterai brièvement plusieurs étapes importantes du développement du TAL, en montrant quels objectifs, quelles approches et quels obstacles ont jalonné l'histoire du domaine, une histoire aussi ancienne que celle de l'informatique. Cela nous permettra d'illustrer l'évolution des approches à l'œuvre au fil des décennies, symboliques puis statistiques et désormais neuronales, mais également de mieux comprendre les spécificités des données textuelles et les difficultés qu'elles ont posées au fil des décennies, et qu'elles posent souvent encore aujourd'hui. Nous nous attarderons sur les avancées les plus récentes en nous appuyant sur le cas de ChatGPT, en nous attardant sur certains des enjeux, notamment éthiques, liés à ces avancées. Nous montrerons également que ces techniques en développement si rapide renouvellent la question des places respectives de la recherche, de l'innovation et de l'ingénierie, tout en interrogeant les scientifiques sur ce qu'elles peuvent nous apprendre sur les langues et sur nous-mêmes. »
« Pour les Occidentaux, la production artistique du monde indien suscite, bien souvent, soit fascination soit incompréhension, ou encore un mélange des deux. Dans leur regard sur l’Autre, si souvent empreint de préjugés ou d’idées préconçues, ils ne retrouvent en effet ni l’exotisme simplement décoratif attribué à l’Extrême-Orient ni le «primitivisme», source d’inspiration pour la modernité, associé aux arts d’Afrique et d’Océanie. À l’exception peut-être de la période moghole qui, parce qu’elle relève en grande partie de l’Islam, semble un peu plus familière, l’art indien, de par son extraordinaire diversité, sa richesse iconographique et son exubérance (ou ce qui est perçu comme tel), déroute bien souvent un spectateur qui pense, à tort ou à raison, ne pas disposer des codes nécessaires pour l’apprécier. Pourtant, pour peu qu’on veuille bien s’en donner la peine, découvrir et comprendre les arts du monde indien et indianisé ne s’avère pas si difficile. De ce point de vue, il n’a pas semblé nécessaire de proposer un nouveau manuel présentant une histoire de l’art indien et de son développement dans le temps et de l’espace. «Le Génie de l’art indien» s’attache plutôt à donner, suivant une approche volontairement synthétique, un certain nombre de clés de lecture afin de faciliter l’appréhension globale de cette production. »
"Nous sommes au IIIe siècle. L’Empire chinois des Han, dont les souverains rayonnaient sur l’Extrême-Asie depuis quatre cents ans, s’effondre. Les évolutions climatiques, les invasions, les famines et l’incurie d’une administration qui se désagrège réduisent désormais à néant l’antique puissance chinoise. Le si vaste pays n’est plus « un » ; il se partage en « Trois Royaumes » que des généraux se sont taillé par le fer et par le feu ; désormais, chacun tente vainement de supplanter les autres pour devenir empereur. Leur histoire inspirera pendant des siècles les conteurs des rues, puis - un millénaire plus tard - les narrateurs dont les œuvres caracolantes inspirent toujours cinéastes, romanciers et manga-ka. Mais une nouvelle approche s’impose aujourd’hui : loin des aventures et péripéties imaginaires, les découvertes archéologiques commencent à livrer des traces matérielles de ces décennies dont le désordre fit percevoir, à rebours, la nécessité de recréer l’unité. Les historiens chinois actuels placent en effet en ces années de chaos l’invention d’une idée nouvelle : celle de Zhongguo 中国, le « Pays du Milieu » que gère en théorie une administration fortement centralisée - c'est-à-dire la Chine unitaire qui pèse si lourd dans notre monde actuel."