Entretien par Stephan Bureau de Contact
« Faut-il venir d’un pays qui a traversé la guerre civile et obtenu l’indépendance au bout du fusil pour chérir, sans mauvaise conscience, l’héritage de notre civilisation ? Kamel Daoud est Algérien, journaliste, romancier et un observateur unique de ce déclinisme qui nous gangrène. “ La figure la plus fascinante en Occident, c'est le crucifié, le martyr. Vous êtes une culture à la fois de l'agression et de culpabilité, et c'est pour ça qu'on vous culpabilise très facilement, que vous êtes une société divisée en deux.” Pourtant, avons-nous déjà vu des réfugiés, illégaux, partir de Syrie ou de Libye pour cogner à la porte de l’Arabie Saoudite, de la Russie ou de la Chine ? Comment expliquer que ceux qui nous livrent la guerre sainte rêvent aussi d’envoyer leurs enfants vivre et étudier en Allemagne ou en France ? Des questions fécondes, fascinantes qui émergent dans un des dialogues les plus musclés et exigeants de la courte aventure de Contact. Une conversation sur la crête d’un volcan entre un “arabe” et un “chrétien”, identités courtes et trompeuses qui portent en elles les germes du malentendu. Kamel Daoud a remporté le Goncourt du premier roman en 2015 avec Meursault, contre-enquête. Il écrit, chaque semaine, un texte éditorial dans le magazine Le Point. Dans notre entretien, il nous parle aussi de son envie de briller, de son respect de l’argent, “toute liberté se paye” et des risques de la pensée commune ; “ce qui nous dispense de penser, c’est d’être avec le troupeau.” Il refuse d’ailleurs, sur la question palestinienne et des attentats du 7 octobre, de se laisser enfermer dans le discours…attendu. »
Jean Vinatier
Seriatim2024
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