En toile de fond, les élections européennes ne changent rien à l’ordre européen, le PPP dont Ursula Von der Leyen est la cheffe, garde la haute main. Mais de possibles législatives anticipées en Allemagne et un coup de sang macronien chatouillent quelque peu, déjà les agences de notation disent leurs craintes…Bref comme dans les albums d’Astérix, une loupe césarienne européenne se fixe sur un village de gaulois…
Depuis l’annonce de cette dissolution qui sonne comme le lancement politique des JO où la France est historiquement assez championne pour emporter la médaille d’or surprenant le monde dans ce que nous avons d’éruptif gaulois, beaucoup de gens discourent sur le côté calculateur et préparatoire d’Emmanuel Macron…étoffant précipitamment un coup d’éventail ou un coup de sang.
Logiquement, le parti présidentiel répand les éléments de langage pour abonder un acte fruit d’une longue maturation, à disposer sur l’échiquier les personnages prêts à entrer sur la scène. Je n’y crois guère. A la tête des États comme des entreprises, tout dirigeant passe en revue l’ensemble des cas face à des projets de décision afin d’être le mieux informé possible avant de lancer une opération. Pour autant, cette disposition ne fait pas de la personne un être visionnaire, c’est un individu organisé.
Oui, l’Élysée a envisagé tout un panel de choix avant les européennes. Emmanuel Macron s’est investi comme jamais dans cette campagne érigée au rang de second tour de la présidentielle. Il a donné une dimension qui dépassait largement les éventualités prévues par l’Élysée. Depuis les Gilets Jaunes et même lors de la campagne de 2017/2017, Emmanuel Macron, qui a une formation de comédien, a un faible pour les monologues, les tirades interminables et une habitude d’asséner des propos dont il ne supporte pas la contestation.
Il a surdimensionné une campagne européenne en y incorporant l’Ukraine, les cérémonies du D-Day, se revêtant de facto d’un habit césarien au départ d’une croisade européenne contre l’ogre russe ne recevant l’aval que de quelques baltes errants. Pour les Français qui regardent la campagne européenne comme quelque chose d’assez éloignée où l’on peut s’épancher sans risque : qui connait les candidats sur les listes ? des listes qui ensuite se fondront dans d’autres partis à Strasbourg ? , point n’était besoin d’en faire trop. Or, une heure après l’annonce des premiers résultats tangibles, Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale. Par ce geste, il créait de toute pièce une crise politique que les Français ne comprennent pas, les rendant furieux. La conséquence majeure étant une prise de conscience que tout ce qu’ils supportaient depuis un long moment présidentiel du « en même temps » atteignait une ligne rouge.
Emmanuel Macron, en donnant le temps minimum pour la campagne législative, espère conjurer toute sédimentation de ses adversaires en sous-estimant, par effet inverse, une envie de tout renverser. Si la gauche se précipite à former « un Front populaire » contre le « fascisme » et « une bande de racistes », qui donnera lieu sur le terrain à bien des disputes et des accrocs, le parti présidentiel paniqué voit surgir Edouard Philippe escomptant l’aubaine quand les Républicains se réunissent entre eux et le RN se disant prêt à gouverner le 8 juillet au matin ayant déjà escompté au moins 289 élus ! Entre les craintes, les précipitations et la certitude, sur ce point Emmanuel Macron peut s’applaudir d’avoir généré un concert de poules et de pintades : la gauche part sur la seule thématique qui lui reste quand elle est prise au dépourvue l’antifascisme, Renaissance part sur l’ordre dans l’Union européenne et le RN sur l’ordre national !!
Évidemment Emmanuel Macron ne pouvant rester muet (il
convoque déjà les journalistes ce jeudi) et immobile, il ne fera qu’exacerber et
crisper. Je n’imagine pas un seul instant, Emmanuel Macron vivre une
cohabitation même d’une année. Donc toute cette courte campagne sera violente, très
violente pour conjurer le mauvais sort potentiel du 7 juillet.
Dans le C dans l’air d’hier, Jérôme Jaffré, commentant un sondage, notait que les Français considéraient que le RN ferait moins bien que l’actuel chef de l’Etat, que le second tour de scrutin mettrait très souvent face à face un candidat de la gauche unie contre un candidat RN laissant les électeurs présidentiels dans un ébahissement les amenant ou à l’abstention ou au vote pour l’un des deux. Ce qui voudrait dire que le défi d’Emmanuel Macron de rafler une mise lui échapperait complétement, naturellement avec un RN majoritaire, aussi avec une chambre sans majorité, pour partie avec une chambre à majorité de gauche grâce au bon report des macronistes dont un grand nombre vient du parti socialiste, laissant augurer des combinaisons dignes des Républiques III et IV.
Voilà, un Emmanuel Macron incertain d’atteindre le terme normal de son second mandat, il serait au mieux Pyrrhus au pire, gros-jean comme devant
Jean Vinatier
Seriatim2024
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