Crise allemande officialisée, la minute « after » de Macron sur les herbivores et les carnivores, propos comique de Hollande sur le « couple franco-allemand », le premier ministre hongrois faisant face à la fronde de certains européens à Budapest…bref une Europe claironnante en débandade avant même d’enfourcher un canasson quand Donald Trump a laissé filer quelques idées pour clore le conflit en Ukraine.
L’irénisme du 47e POTUS s’arrête là où commence les intérêts américains, des intérêts autant géo-économiques que géopolitiques. Les USA et leurs fonds d’investissement ont prêté de l’argent à l’Ukraine en s’assurant de solides garanties à la manière des européens quand ils avançaient des finances à l’empire ottoman (je te prête 100 et je garde, en garantie, les recettes des douanes…etc), ont fourni des armes en échange de contrats et le tout à l’avenant. Pas plus demain qu’hier, il n’est question d’un éloignement américain du champ ukrainien. La maxime de Trump serait de maintenir un antagonisme ou méfiance russe vis-à-vis des européens et vice-versa, de trouver avec Poutine des accommodements pour se l’attacher comptant sur la méfiance moscovite vis-à-vis de Pékin. Le 47e POTUS change les mots pas le texte fondateur.
Quand Donald Trump propose l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’Union européenne: il s’agira d’appâter Bruxelles satisfaite de son extension tout en la mettant face à la Russie, l’Ukraine serait de facto séparée en deux à l’instar de la Corée ayant sur son sol « un corridor de sécurité » ou zone tampon à la charge militaire et financière des européens. La promesse de non-adhésion à l’OTAN pendant 20 ans est une habileté de langage tellement les contrats de fournitures d’armement impliqueront des foules de conseillers militaires s’ajoutant à des accords périphériques. Ce serait une façon pour Trump de peser sur la Russie, d’envelopper les européens. Les deux soucis de Trump sont donc de maintenir les européens en lisière, de ramener un tant soit peu la Russie vers lui mais sans faciliter un rapprochement de celle-ci avec l’Union européenne. Quant à l’Ukraine, elle serait réduite à peu de chose mais ne subirait plus la guerre.
Si les européens avaient une once d’intelligence et surtout cessaient de porter des lunettes américaines sur le nez, ils travailleraient à une Ukraine neutre comme le firent leurs ancêtres au Congrès de Vienne en établissant celle de la Suisse (1815). Pour l’heure les européens se focalisent sur la défaite russe regardant les ukrainiens comme ils voyaient les grecs face aux ottomans dans les années 1820. L’Union européenne joue contre elle-même et sans avoir aucune garantie d’être associée aux négociations par les américains lesquels préféreront être les seuls maitres du stylo entre Moscou et Kiev.
A suivre
Jean Vinatier
Seriatim2024