Conférence inaugurale, par Muriel Debié
Si l’on parle généralement d’araméen au singulier, il s’agit en réalité d’une langue et d’une écriture qui ont évolué pendant trois millénaires, jusqu’à aujourd’hui, et qui présentent des formes très variées. C’est le kaléidoscope de tous ces états de langue et d’écriture que va dessiner cette séance introductive du cycle. Il faut en effet parler d’araméen au pluriel, d’une langue en évolution et de dialectes avec leurs propres alphabets et leurs propres usages sur la très longue durée. Cette première séance vise à commencer à déployer l’éventail coloré de tous ces états de l’araméen, dont chacun fera l’objet d’une des séances suivantes.
10 juil. 2023Alphabet araméen: des origines au Proche-Orient - Robert Hawley -
L’alphabet « araméen » fait son apparition au milieu du IXe siècle avant notre ère, s’étant dis-tingué progressivement des autres manifestations de l’alphabet linéaire sénestrogyre à 22 signes (protocananéenne par exemple), en place en Méditerranée orientale depuis l’âge du Bronze. Cette conférence retrace les évolutions subies par les différents alphabets araméens depuis ces débuts à l’âge du Fer, à travers les standardisations imposées pendant les pé-riodes impériales (néo-assyrienne, néo-babylonienne, perse achéménide), et aboutissant en-fin à l’émergence de traditions régionales distinctes aux époques romaine et tardo-antique, jusqu’à la christianisation du Proche-Orient.
27 juin 2024 L’araméen ancien, par Françoise Briquel Chatonnet
Si les Araméens sont mentionnés dès la fin du XIIe siècle avant J.-C., l’écrit araméen apparaît au IXe siècle, déjà, sur un arc géographique très large qui s’étend sur toute la Syrie actuelle et le sud de l’Anatolie. Les inscriptions émanent des souverains de petits royaumes dont la culture est parfois mélangée avec des influences louvites, c’est à dire néo-hittites. L’écrit araméen se répand dès le siècle suivant sur tout le Croissant Fertile et jusqu’à l’Iran. Les déportations pratiquées par l’empire assyrien ont contribué à sa fortune au-delà de la disparition des petits royaumes araméens et lui ont conféré un rôle de langue de communication internationale. Si l’on a conservé surtout des inscriptions sur pierre, votives, commémoratives ou funéraires, quelques inscriptions sur tablettes d’argile témoignent d’un usage administratif et les inscriptions sur plâtre de Deir Alla imitent un manuscrit sur papyrus dont elles sont un témoin indirect. De fait, on sait qu’une littérature était déjà composée et écrite en araméen, dont on ne connaît guère qu’un texte, L’histoire et la sagesse d’Aḥiqar.
20 février 2025 L’araméen d’empire et d’époque hellénistique F Briquel Chatonnet
Si l’araméen jouait déjà un rôle international à l’époque assyrienne, les souverains perses achéménides se sont emparés de cet outil pour en faire la langue administrative, alors que le perse est la langue des inscriptions royales. Grâce aux hasards des découvertes, liés à des cli-mats arides qui ont permis la conservation de documents sur support périssable, on connaît un peu, par des lettres et documents sur papyrus ou ostraca, la vie d’une communauté levantine installée sur la frontière sud de l’Égypte et donc de l’empire, sur l’île d’Éléphantine, dont une partie était judéenne et pratiquait le culte de Yahweh. À l’autre bout de l’empire, une archive notamment sur bâtonnets de bois, comprenant lettres et documents comptables, est liée à l’administration de la Bactriane et provient probablement du sud de l’Ouzbékistan actuel. Ce rôle officiel de l’araméen dans l’empire perse a ainsi contribué à le répandre en Asie centrale. Après la conquête macédonienne, l’araméen est beaucoup moins présent au Proche-Orient mais reste utilisé sur les marges, en Géorgie, en Arménie, sur la côte orientale de la péninsule arabique et en Inde, où l’empereur Ashoka, qui s’est converti au bouddhisme et qui a unifié le Nord de l’Inde, gravait des versions araméennes de ses décrets. Le monde perse abandonne l’ancienne écriture cunéiforme en usage à l’époque achéménide pour une nouvelle écriture du parthe dérivée de l’araméen et qui utilise même des mots araméens comme idéogrammes.
6 mars 2025 Les araméens d’Edesse, Palmyre et Hatra, par Jean-Baptiste Yon
Durant les trois premiers siècles de notre ère, au Proche-Orient, aux confins des empires romains et iraniens, l’araméen, descendant de l’araméen d’empire d’époque achéménide, était l’une des langues parlées par les populations de la région. Bien plus, dans certaines cités, l’araméen des dialectes locaux était aussi langue officielle, écrite dans les contextes publics aussi bien que privés. La conférence présentera les principales de ces cités, Palmyre, Édesse et Hatra, et l’usage qui y était fait de l’araméen dans ses diverses formes. Ces dialectes témoignent de la force des cultures locales, visibles dans des domaines aussi différents que les institutions, la vie économique, la vie religieuse ou bien les coutumes funéraires, tout en attestant également de relations étroites avec les cultures dominantes, gréco-romaine ou iranienne. À la période suivante, la culture syriaque en est une directe héritière.
Jean Vinatier
Seriatim2025
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